Ce roman fascinant et d’une inquiétante étrangeté se présente comme la lettre de suicide d’un homme qui tient à faire savoir au monde qu’il n’est pas responsable des meurtres dont on l’accuse. Le vrai coupable serait un objet maléfique, un tambour habité par un esprit courroucé qui maudit quiconque le fait résonner de sa voix sourde, envoûtante et mélancolique.
C’est que ce tambour de nô porte cachées en lui toute la passion, la rancune et la peine de son créateur dont le cœur fut brisé par une jeune aristocrate arrogante ; il a le pouvoir d’ensorceler ceux qui en jouent et empoisonne leur âme jusqu’à la folie.
Publié en 1926, ce joyau de récit étrange et baroque donna une soudaine notoriété à Yumeno Kyûsaku, préfigurant son chef-d’œuvre à venir Dogra Magra ; il se déploie comme un véritable théâtre d’illusions dans lequel les apparences sont toujours trompeuses, où la beauté fantomatique d’une femme et l’amour pour l’art donnent le vertige et font chavirer la raison.