Exhortant l'humanité à s'unir pour vaincre l'insurmontable par excellence – la mort –, Fiodorov lui assigne aussi le devoir moral de ramener à la vie toutes les générations disparues, ces victimes du « progrès ». Chrétienne par son ancrage dans les dogmes (la résurrection de la chair, la Trinité sans division ni confusion), la pensée projective de Nikolaï Fiodorov exclut pourtant la transcendance : c'est dans ce monde-ci que l'homme doit accéder à l'immortalité et se libérer des entraves terrestres, pour explorer et habiter les espaces sidéraux (on a vu chez Fiodorov une source cachée de la conquête spatiale soviétique).
Pourtant, rien de prométhéen dans cette vision de l'homme – plutôt une responsabilité écrasante dans la réalisation du projet divin pour le salut du monde, et responsabilité surtout face au destin de la planète, dont la civilisation urbaine et industrielle menace l'existence même, épuisant les ressources, saccageant la nature pour produire des richesses et dépravant une population avide de consommer toujours plus. Dans la philosophie de Fiodorov, nourrie à la pensée chrétienne des premiers siècles comme aux idées modernes de conservation de la matière et d'évolution, inspiratrice de nombreuses créations artistiques au début de l'ère soviétique, les résurgences archaïques rencontrent l'actualité la plus brûlante.
Nikolaï Fiodorov (1829-1903) est un philosophe russe, fondateur du mouvement cosmiste russe. Poursuivant un idéal ascétique, il était réticent à diffuser son oeuvre, se contentant d'une modeste activité d'enseignant puis de bibliothécaire. La Philosophie de l'oeuvre commune a vu le jour entre 1906 et 1913 en Russie grâce à ses disciples.
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